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Trente années avant d’accepter, enfin ! d’être sur Terre

Publié le : 07/03/2022 12:27:59
Catégories : Développement personnel , La Presse en parle , Santé et bien-être

Trente années avant d’accepter, enfin ! d’être sur Terre

Toute petite – il commence à y avoir bien longtemps maintenant ! – je me revois m’interrogeant, avant même d’avoir les mots pour cela, sur le sens de la vie, de la mort, de ma présence sur Terre. Cette interrogation est particulièrement difficile à vivre à l’adolescence. Grâce à la pratique d’une technique de méditation, apprise à l’âge de vingt ans, je trouve peu à peu un apaisement intérieur et la capacité de répondre enfin, à l’âge de trente ans, à une vocation qui date, elle aussi, de ma toute petite enfance : la vocation de « faire médecine ».

Depuis bientôt dix ans, et dans des cadres très divers (entretiens individuels, ateliers, colloques, articles, consultations, …) je témoigne de ce parcours. Je témoigne des étapes particulières que j’y ai rencontrées : par exemple une phase suicidaire à l’adolescence ; ou encore l’acceptation très consciente, mais très tardive, d’être sur Terre, avec tous les défis que cela comporte (et auxquels, auparavant, je cherchais toujours à me soustraire) ; par exemple encore la découverte, à l’âge de trente ans, que rien ni personne ne me doit rien – que je n’ai rien à attendre de qui que ce soit, ni de quoi que ce soit ( à l’inverse de ce que je pratiquais depuis mon enfance !) ; et la reconnaissance, qui m’émerveille toujours, des dizaines d’années plus tard, que tout, tout, tout est cadeau ! ; la constatation, dès la deuxième année des études de médecine, que les patients, les soignants, les médecins, toute notre culture, manifeste sa peur, sa terreur parfois, de la mort, en cherchant à l’occulter par tous les moyens ; ….et la perception que je suis parfaitement en paix auprès des patients en fin de vie et/ou de leurs proches, et suis susceptible de leur transmettre un peu de cette paix, de cette sérénité ;…

De mon expérience de médecin en soins palliatifs

C’est donc tout-à-fait naturellement que j’intègre le tout naissant mouvement des soins palliatifs en France, dès la deuxième année de mes études de médecine. Mon activité de médecin en soins palliatifs évolue vers de plus en plus d’écoute, et de partage sous des formes de plus en plus variées.

Il y a environ cinq ans j’aborde une nouvelle étape sur mon chemin : celle de la maladie grave, potentiellement mortelle à court terme. Il s’agit d’une expérience que je vis d’emblée dans un état d’équanimité profonde, de présence intérieure accrue. D’emblée aussi j’ai la conscience d’un vécu de plus à partager.

Alors que j’ai repris mon travail depuis quelque temps survient le premier « confinement COVID », puis les injonctions associées, successives, des autorités. Je découvre que, du fait de mon cheminement de vie spécifique, j’ai tout de suite un regard singulier sur ce que nous vivons collectivement, et qu’il me revient d’en témoigner. Cette vision va se préciser, s’enrichir, s’affiner… avec le temps. Je dois également me rendre peu à peu à l’évidence que mon parcours de vie, mon expérience de médecin en soins palliatifs,  celle de sujet qui a traversé la maladie grave et potentiellement mortelle à court terme, me gratifient d’un certain crédit auprès d’autrui, donnent un certain poids à mes propos. C’est un peu comme si je devais assumer l’attribut, conféré par la vie, d’une certaine « autorité ».

Je me découvre "pont", en attestent ces souffrances qui me sont exprimées :

« Ma mère a un Alzheimer….Nous avons souvent été en conflit…De toute façon elle ne me reconnaît pas...C’est trop dur de la voir comme ça… »

« Il est dans le coma depuis son accident…Il ne réagit pas quand je viens… »

« Je sais que je suis mourante…Comment mes enfants, encore mineurs, vont-ils dépasser la souffrance liée à ma mort ?...Je ne peux pas supporter cette idée…»

« Mon frère est mort sans que je puisse le revoir. J’ai pris le premier avion possible dès qu’on m’a informé qu’il était mourant…Mais je suis arrivé trop tard… »

« Je n’ai pas eu le droit de revoir mon mari. Il est mort en EHPAD durant le premier confinement. Ni moi, ni notre fils unique n’avons eu le droit de le revoir… »

Je me rends compte que mon « rôle » consiste à accueillir, entendre, détecter ces souffrances, à quelques niveaux qu’elles s’expriment, et aussi pleinement que cela m’est donné. Je « zoome » d’une certaine façon, et j’ajuste aussi précisément que possible ma vision de la situation, aussi sombre, aussi concrète, aussi matérialiste,… qu’elle se présente.

Puis, tout en gardant cette perception-zoom, je « dé-zoome » autant qu’il m’est utile, pour parvenir à une vision intérieure lumineuse de la situation. Je suis consciente de la détresse, voire la terreur, la souffrance de la chenille qui se liquéfie dans son cocon…et je perçois également le papillon qui travaille à s’en extraire, sans même savoir ce qu’il vit.

« Ce que la chenille appelle la fin du Monde, le Maître l’appelle un papillon »

(Lao Tseu ?)

C’est depuis ce positionnement de « pont » entre diverses dimensions de Vie (des dimensions matérialistes, parfois à l’extrême, et des dimensions spirituelles) qu’il m’est donné d’accompagner, de trouver des mots, chaque fois réadaptés, des images, parfois des ressources matérielles ou médicales, pour alléger un peu le poids de ces souffrances. D’autres fois il ne sera pas possible d’apporter autre chose qu’une écoute ; une écoute si apaisée intérieurement, que mes larmes peuvent couler avec celles de mes interlocuteurs, ou encore que je peux les prendre dans mes bras…tout simplement…et sans aucun mot…ou des mots comme on en dit à un enfant que l’on console…et c’est tout ce qui est utile à ce moment-là.

De la puissance du regard – Regard vers l’extérieur – Regard vers l’intérieur

Je n’ai jamais aucun plan, aucune idée de ce qu’il faut dire, faut faire...Lorsque je suis pont, la Vie s’exprime d’elle-même. La petite Constance n’attend rien de spécifique (ce qui mettrait inévitablement une pression sur mes interlocuteurs, et réduirait leur espace d’évolution intérieure) ; son rôle singulier est d’être au service, sans attente, aussi disponible qu’elle peut l’être. « Là où va le regard, va l’attention. Là où va l’attention, va la Vie. »

Où va mon regard ? Vers où se tourne-t-il ? Vers les dimensions matérielles de la Vie ? Vers ses dimensions spirituelles ? Vers l’extérieur ? Vers l’intérieur de moi-même ?

S’il se tourne vers l’intérieur, le spirituel …au détriment de l’extérieur, de la matière, je cours le risque de m’isoler de ma condition d’être humain sur Terre, de la nier, d’oublier mon appartenance à la Terre, le temps d’une vie ; de me désintéresser de mes compagnons humains ou autres. A contrario si mon regard se tourne vers l’extérieur, vers la matière, en niant toute dimension intérieure, spirituelle, je cours le risque de me couper de la Vie, de m’épuiser dans la poursuite de biens matériels, de réalisations extérieures, de mon adhésion à des valeurs sociales, culturelles qui ne me correspondent pas forcément ; de négliger de me ressourcer, de me renouveler intérieurement.

Je ne peux trouver un équilibre qu’en apprenant, à mon rythme, peu à peu, à vivre ces deux dimensions, simultanément : intérieur/extérieur ; matériel/ spirituel. Et je peux jouer ma note dans l’orchestre de la Vie avec d’autant plus de justesse, d’à propos,  que je suis mieux accordée.

De la pratique de la gratitude

Comment parvenir à cet équilibre ? A cet ajustement ? Un outil est venu à moi depuis mon enfance. A l’époque je ne l’ai pas identifié comme tel ; je l’ai simplement expérimenté, et peu à peu, au long des années, j’ai appris à l’utiliser avec une efficacité croissante, et à le reconnaître et à le nommer. Il s’agit de la pratique de la gratitude.

« Mon âme bénit l’Eternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits », priait Bonne-Maman avant les repas, lorsque j’étais chez elle en vacances.

Cette prière est revenue à ma mémoire il y a seulement quelques mois. C’est exactement ce que j’ai appris à pratiquer, quasi spontanément aujourd’hui, presqu’à chaque instant. Quoiqu’il advienne, agréable ou non, facile ou non, rassurant ou source de peur, triste ou joyeux,… : mon âme, mon être est venu vivre cette expérience sur Terre ; est venu vivre chacune de ces expériences qui viennent à moi.

Merci, du fond de moi-même, à chacun, chaque être, animé ou inanimé, pour le rôle qu’il joue pour m’offrir ce vécu. Instantanément je perçois mon lien avec toutes choses, l’unité de toutes vies, de la Vie, indivisible… Et c’est une merveilleuse expérience ! Y compris lorsque la mort m’a fait signe, il y a quelques années. Y compris lorsque notre monde semble en voie d’effondrement comme c’est le cas dans la "crise Covid" actuelle.

Dr Constance YVER-ELLEAUME,
autrice du livre Le sourire de la chenille, ed. Souffle d'Or, 08/03/2022

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